Édition

couv-CH« La permanence des choses chinoises n’habite pas les pierres mais les gens », écrivait Simon Leys en 1889 dans Les Chinois et leur passé. .C’est cette Chine débarrassée de tout masque que nous livre Catherine Henriette. La province du Nord, première étape de son périple photographique, n’a pourtant pas la réputation d’abriter des lieux remarquables et ne figure pas sur la liste des destinations touristiques sinon pour le « Festival des Lanternes » de Harbin qui n’attire guère que les touristes chinois, fascinés par la surenchère baroque et les dimensions monumentales de ces constructions éphémères. Ils s’y pressent en foule comme à Qingdao (Tsing Tao), étape estivale de ces contes, admirant les requins de plâtre peint du parc aquatique ou le lit gigantesque de Mao installé au cœur d’une immense villa de style munichois. C’est ce peuple, agité, bruyant, déconcertant qui fascine Catherine Henriette. C’est lui qui envahit toutes ses images mais réduit, comme dans la peinture ancienne chinoise, à un rôle modeste. Petite figure de «l’homme au fagot» qui se dissout dans l’immensité blanche du paysage, multitude perdue sur la plage de Beidaihe, ces petites silhouettes sont le signe d’une fragilité extrême de l’homme dans un monde qui l’écrase.

Dans la beauté prégnante de ces images la vie moderne n’est cependant jamais bien loin, les cheminées d’une centrale thermique, un pont autoroutier qui barre l’horizon, les tours de trente étages au bord de la plage sont là pour nous rappeler la démesure à laquelle nous sommes confrontés dans la Chine d’aujourd’hui. La petite silhouette du poète devant son ermitage aux pieds de rochers déchiquetés a été transporté par la magie de l’artiste dans l’âpre monde moderne, elle n’en a que plus de présence poétique.»

Extrait du texte d’Alain Sayag.

 

Ethiopie « itinéimg_6rances »
Editions Place Des Victoires. 2006

À 1855 mètres d’altitude, rien ne peut arrêter leurs regards. Tournés au nord vers la grande plaine de Damakil, au sud vers les plaines de Somalie, leurs yeux remplis d’Histoire ne connaissent pas le sens du mot « frontière ». Sur leur gigantesque colline de granit, depuis des siècles, les femmes d’Harar voient avec curiosité le monde entier venir s’intéresser à leur Haut-Lieu, classé Patrimoine mondial de l’Humanité.
Obsédée par leur beauté, inclassable, Catherine Henriette a cherché à arrêter, l’espace d’une image, leurs merveilleux regards.
Elle s’est installée dans leurs quotidiens, petit à petit, mètre après mètre, et a finalement été adoptée par elles. La sincérité de la grande fille à la peau claire n’a pas échappée à ces femmes, et elles l’ont invitée à partager leurs après-midi, leur chicha et leur thé. Et naturellement et finalement ont accepté de fixer « la boîte noire », pour y témoigner en un cillement, toute la vérité du vol en altitude de leur vie. Et rappelons-nous enfin, qu’un peu plus d’un siècle plus tôt, un fameux Arthur Rimbaud affirma ici-même sa passion pour la photographie en réalisant nombre de portraits …

Marc Desmazières

 

Pays Basque et de lumièreimg_5
Atlantica Editions. 2005

On n’appelle pas une région de France un pays par accident linguistique. Seul un pays possède en propre une langue, une histoire, une culture, une cuisine, des secrets et de multiples rayonnements… Pour être habitée de toutes ses richesses, Catherine Henriette l’a habité dix ans. Et pour laisser naturellement venir à elle toutes les émotions de ce pays unique, elle l’a d’abord écouté lui parler à travers ses opéras.
Elle l’a ensuite embrassé, avec la langue, dans des plats cuisinés aux « ch », aux « x » et au piment forcément d’Espelette.
Elle s’est abandonnée en lui, en laissant sa raison dans la voiture et en se perdant dans ses innombrables recoins, forêts, chemins, clairières, bords de mer… pour se voir offrir en retour de ce pays qui aime celui qui sait l’aimer, les images les plus « inentendues » et les plus rares.

Marc Desmazières